Trouver l’équilibre entre service et adoration
J’ai toujours trouvé qu’on était un peu dur avec Marthe. Même quand j’étais une jeune chrétienne, le message que j’entendais dans les études bibliques et les réunions de femmes était clair :
« Marie, c’est bien. Marthe, c’est pas bien. Sois comme Marie. Point final. Qui veut du gâteau? »
Et même si je sais que Jésus loue Marie pour s’être assise à ses pieds, j’avoue que j’ai toujours un petit pincement au cœur pour Marthe.
Après tout, c’est Marthe qui a invité Jésus. Pas Marie.
C’est Marthe qui a ouvert sa maison à Jésus. Pas Marie.
C’est Marthe qui a supervisé les préparatifs, lancé les servantes dans tous les sens, et fait de son mieux pour préparer un repas pour toute une troupe affamée.
Et Marie ? Elle s’est juste…assise.
Et pourtant, les paroles de Jésus résonnent encore dans mes oreilles :
« Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. » (Luc 10.42)
On dirait que Jésus reproche à Marthe… d’être une Marthe.
Mais soyons honnêtes : sans les Marthe de ce monde, on mourrait tous de faim.
Au fond de moi, je veux aussi entendre les louanges de Jésus. Je suis contente d’être une Marthe… mais je rêve d’être un peu plus comme Marie.
Alors que faire ? Comment, comme Marie, choisir la bonne part… tout en continuant, comme Marthe, à gérer tout le reste ?
Peut-être que tu t’es déjà posée la même question.
Tu aimerais prendre le temps de t’asseoir aux pieds de Jésus, mais la vie continue de te bombarder de choses à faire.
Où est l’équilibre ? Et comment le trouver, jour après jour ?
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de l’espoir pour les Marthe… sans qu’on soit obligé de devenir une Marie. La réponse ne réside pas dans ce que nous faisons, mais dans la direction que prend notre attention.
Revisitons ensemble ce passage bien connu de Luc 10, avec un regard un peu renouvelé.
Jésus à Sa Juste Place
D’abord, ce texte ne parle pas seulement de Marie ou de Marthe. Il parle de Jésus. Et c’est là que notre attention doit se porter.
Dans notre mentalité du XXIe siècle, on oublie facilement à quel point Jésus était révolutionnaire.
Comme enseignant, Il était accessible. Il ne restait pas enfermé dans une synagogue, entouré de rouleaux et distant. Il ne portait pas d’habits pompeux. Il ressemblait aux gens. Et quand Il parlait, ce n’était pas seulement pour les érudits – et, ce qui est encore plus étonnant, pas seulement pour les hommes non plus.
Jésus incluait les femmes, et même – au grand étonnement de ses disciples – les enfants dans Son enseignement.
Pas étonnant que les foules se pressaient pour L’écouter. Ce n’était pas seulement parce qu’Il faisait des miracles – c’était aussi parce que Sa manière d’enseigner touchait les cœurs. Tout le monde ne comprenait pas tout, mais tout le monde voulait entendre. Et ceux qui avaient des oreilles pour entendre… Jésus les encourageait à écouter.
Et Marie faisait partie de ceux-là. Mais avant de parler d’elle, parlons un peu de Marthe.
Marthe aussi prêtait attention à Jésus. Elle avait bien compris qu’Il était spécial, et c’est pour ça qu’elle s’est précipitée pour L’accueillir. Et attention, ce n’était pas juste pour lui offrir un petit café. Il s’agissait de recevoir Jésus, les disciples, et probablement pas mal d’autres gens qui Le suivaient. Ce n’était pas un petit comité. Et parce que Marthe aimait Jésus, elle voulait vraiment Lui offrir le meilleur.
Et elle l’a fait tout de suite. Regardons Luc 10, verset 38 :
« Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. »
Ce n’était pas prévu. Jésus passait par là, et Marthe a saisi l’occasion. Elle était prête à Le recevoir du mieux qu’elle pouvait.
Prenons un moment pour l’admirer, cette Marthe.
Combien d’entre nous, honnêtement, seraient prêtes à tout lâcher sur le moment pour ouvrir leur maison à tout un groupe ? À chambouler nos plans, à sortir de notre confort, à cuisiner, servir, organiser… et, pour moi, la partie moins joyeuse, nettoyer après ? Marthe offrait quelque chose de précieux : son temps, sa maison, ses biens, elle-même.
Et elle l’a fait en un clin d’œil. Pour Jésus.
Du moins… c’est ce qu’elle pensait. On y reviendra.
Une fois l’accueil lancé, le travail commence : il faut laver les pieds, oindre les têtes, servir à boire, installer les invités… Peut-être même préparer un festin ? On ne sait pas exactement, mais ce qu’on sait, c’est que Marthe s’est donnée à fond. Verset 40 :
« Marthe, occupée à divers soins domestiques… »
Elle donnait tout. Elle était dans son élément : faire, servir, agir. Mais au milieu de toute cette activité, elle se rend compte d’un manque. Quelqu’un n’est pas là. C’est Marie.
Où est-elle, Marie ? Tandis que Marthe s’agite, Marie est… assise. Elle écoute.
Je ne pense pas une seconde que Marie était paresseuse, ou qu’elle évitait le travail. Je pense qu’elle était tout simplement captivée par Jésus. Par Sa douceur, Ses paroles, Sa présence.
Quelle grâce, quelle joie, de pouvoir s’asseoir aux pieds de Jésus et L’écouter.
Qui parmi nous n’aurait pas eu envie de faire une pause pour écouter le Créateur parler avec des lèvres humaines ? Pour sentir la vérité réchauffer notre cœur, comme les disciples d’Emmaüs après la résurrection ?
Ecoutons bien. Il ne faut pas rater ceci.
Marthe avait invité Jésus dans sa maison. Marie, elle, L’avait invité dans son cœur.
Marthe servait. Marie adorait.
Les deux étaient en présence de Jésus. Mais avec deux focales bien différentes.
Marie était centrée sur Jésus Lui-même. Marthe, sur ce qu’elle faisait pour Lui. Et ce qui sort de la bouche de Marthe nous montre que, même si elle faisait tout “pour” Jésus… son cœur était ailleurs.
« Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m’aider. »
Ses mains travaillaient, mais son cœur bouillonnait. De frustration. Peut-être d’épuisement.
Peut-être qu’au fond, elle aurait aimé, elle aussi, tout poser pour juste être avec Jésus. Mais si elle ne faisait pas tout ça… qui le ferait ? Il fallait bien que quelqu’un s’en charge.
Peut-être pensait-elle : Pourquoi toujours moi ? Pourquoi je dois tout faire, pendant que les autres profitent ? Pourquoi elle ne m’aide pas ?
C’est elle qui avait invité Jésus, non ? Était-ce pour passer du temps avec Lui ? Pour écouter Ses paroles ? Ou pour bien faire ? Pour être la parfaite hôtesse ? Pour L’impressionner peut-être?
On ne peut pas savoir ce qu’il y avait dans le cœur de Marthe. Mais ce qu’elle dit en dit long:
« Seigneur, cela ne te fait-il rien que… »
Que quoi, Marthe ?
Que tu es seule ? Que personne ne voit ton travail ? Que tu en fais trop ?
Et là, Jésus intervient. Marthe L’avait invité pour trancher, pour régler le problème. Et voilà ce qu’Il lui dit :
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses… »
Remarquez : Il ne l’appelle pas simplement par son prénom. Il dit Marthe, Marthe. Une forme de tendresse, de douceur, comme un parent qui calme un enfant troublé.
Luc appelle Jésus ici Le Seigneur. Et c’est important. Un serviteur sert son Seigneur – c’est normal. Mais Jésus regarde au cœur de Marthe.
Agir, c’est bien. Servir, c’est nécessaire. Mais s’agiter, s’inquiéter, et accuser… ce n’est pas un service qui Lui plaît. Ça peut paraître bien à l’extérieur. Mais si le cœur est ailleurs, ça sonne creux.
Je peux le dire… parce que je l’ai vécu.
Combien de fois, moi, membre fondatrice du club de Marthe, ai-je commencé par vouloir servir le Seigneur… et ai-je fini par me recentrer sur moi ? À râler ? À me plaindre? À juger ceux qui “ne font pas leur part” ?
J’entends les paroles de Jésus résonner aussi pour moi :
« Susan, Susan, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses… »
Beaucoup de choses. Et parfois… trop de choses.
Alors Jésus ajoute quelque chose de crucial. Il ne faut pas passer à côté :
« Une seule chose est nécessaire… »
Une. Seule. Chose.
Pas toutes les “choses” que Marthe faisait. Juste… Lui. Ce qui manquait, ce n’était pas une aide en cuisine. C’était Jésus, dans son cœur.
Il était là, devant elle. Elle aurait pu ralentir. S’asseoir. L’écouter. Se réjouir de Sa présence.
Elle aurait pu…mais elle ne l’a pas fait.
Et nous ? Le faisons-nous ?
Combien de fois ai-je perdu Jésus de vue, en Le servant ? Combien de fois ai-je étouffé Sa voix dans le bruit de mes tâches ? Mon service aurait tellement plus de valeur… si je m’arrêtais. Si je Le laissais remplir mon cœur, avant de remplir mes mains.
Alors… que faire, quand on est une Marthe dans l’âme ?
Comment servir de tout notre cœur – sans oublier pour qui on le fait, et avec qui on le fait ?
Alors, qu’est-ce qu’une Marthe est censée faire ? Comment est-ce qu’on peut servir de tout notre cœur, tout en gardant un cœur vraiment tourné vers le Seigneur — et pas vers nous-mêmes ?
Une Marthe bien dans sa peau
Déjà, il ne s’agit pas de transformer une Marthe en Marie. Mon mari, qui est pasteur adjoint, a justement parlé récemment des tempéraments spirituels. Ce n’est pas du blabla psychologique à la mode. Dieu nous a créées avec une nature bien à nous, avec des penchants qui influencent notre façon de penser, d’agir, d’être.
La vérité, c’est qu’on ne peut pas changer qui on est juste en faisant plus d’efforts. En se promettant de faire mieux. Une Marie restera toujours une Marie. Et une Marthe restera toujours une Marthe. Dire à une Marthe de devenir une Marie? Ça ne marche pas. Ce n’est pas sa nature.
Ce que Dieu veut, c’est plutôt prendre qui nous sommes — avec notre tempérament — et orienter notre cœur dans la bonne direction. Celle qui Le glorifie. Et quand on Lui remet notre nature, Il l’utilise pour Sa gloire.
Il faut faire attention à ne pas comparer les Maries et les Marthes. On oublie parfois que ces femmes de la Bible étaient bien réelles. Elles ont vécu, elles ont parlé, elles ont agi. Je doute que Marie ou Marthe se doutaient que ce moment précis de leur vie allait être conservé dans la Parole de Dieu, et que des siècles plus tard, on serait encore en train de débattre : « Équipe Marie » contre « Équipe Marthe ».
Mais regardons bien ce que Jésus dit à la fin de son petit reproche à Marthe :
« Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. » (Luc 10:42, NEG)
Remarquez bien, Jésus dit que Marie a choisi la bonne part. Pas qu’elle est meilleure que Marthe. Pas que c’est toujours mieux d’être assise à écouter plutôt que de servir. J’ai vu une blague passer sur l’Internet récemment : « Moi, je veux être Marie. Quelqu’un peut envoyer Marthe faire le ménage chez moi ? »
Mais soyons honnêtes. Si on ne faisait qu’écouter la Parole de Dieu, qui s’occuperait du service ?
Dire aux Marthes d’arrêter d’être Marthes, c’est priver l’Église de ses servantes, de ses donneuses, de ses travailleuses. Et dire aux Maries d’arrêter d’être Maries, c’est risquer de courir dans tous les sens, mais sans être nourries par la Parole.
Ce que Marie a choisi, ce jour-là, c’était de fixer son cœur sur Jésus. Et Marthe pouvait faire ce même choix.
Alors, comment faisons-cela, nous ?
Se resourcer pour mieux servir
D’abord, on s’installe avant de servir. Oui, nous les Marthes. Jésus l’a dit : «Marie a choisi la bonne part. » Avant de se mettre à la tâche, on doit s’imprégner de la Parole de Dieu. Tu connais cette phrase : « On ne peut pas verser d’une coupe vide » ? C’est vrai aussi dans notre service au Seigneur. Il faut remplir notre vie de la présence de Jésus, chaque jour. Et c’est à partir de cette plénitude qu’on peut se donner aux autres.
Ce temps pour s’imprégner est crucial.
On se pose dans la Parole et on se rappelle qui est vraiment notre Dieu extraordinaire. Sa Parole nous aide à corriger nos fausses idées sur Lui. On se souvient de Sa fidélité envers Son peuple. On se voit telles que nous sommes — des pécheresses pardonnées — et on Lui demande pardon pour là où on échoue encore. On Le loue pour les victoires passées, pour les opportunités présentes. On prie pour ceux qui nous entourent et qui ont besoin de Lui. Et on Lui demande de nous utiliser comme Il veut.
Si on fonce tête baissée dans notre liste de choses à faire sans d’abord passer par ce moment avec Dieu, oui, on fera sûrement des choses. Mais il y a des chances qu’on passe à côté de l’essentiel. Et combien c’est mieux de commencer notre journée remplie de Lui.
Mais ce n’est que la première étape. Il faut aussi se rappeler que :
Le bon objectif de notre service
Pendant qu’on sert, on garde les yeux levés vers Lui. Nous, les Marthes, nous sommes fortes pour surestimer nos capacités. Nous aimons servir, et nous le faisons bien, alors nous oublions que nous ne sommes pas censées tout faire. Mais le problème est encore plus profond. Ce n’est pas juste qu’nous ne pouvons pas tout faire…
…c’est que nous ne pouvons rien faire d’utile pour Dieu, sans Lui.
« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15:5, NEG)
Rien. Pas juste quelques trucs. Rien de durable, sans Jésus.
Demeurer, ce n’est pas juste être une enfant de Dieu. C’est le point de départ. Comme l’a dit un livre que j’ai lu récemment*, demeurer, c’est se reposer et recevoir. C’est rester connectée à Dieu par la prière et l’attention qu’on Lui porte, toute la journée. C’est dépendre de Lui pour la force de faire ce qu’Il nous demande.
Pendant que je sers, mes yeux doivent rester fixés sur Jésus. Pas sur moi. Sur le cep auquel je suis attachée. C’est Lui mon but. Les autres profitent de mon service, mais c’est pour Lui que je le fais. Pas pour moi. Même pas d’abord pour eux.
« Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage pour récompense. Servez Christ, le Seigneur. » (Colossiens 3:23-24, NEG)
Et pendant que je sers, je dois vérifier mon cœur : est-ce que je le fais vraiment pour plaire à Dieu… ou pour moi ? Si la réponse, c’est « pour moi », alors il est temps de recentrer mon regard sur Jésus.
Et une fois qu’on a fini de servir ?
Apprenons à nous poser
On se repose. Complètement. L’un de mes gros défauts de Marthe ? Passer d’un projet à un autre sans jamais m’arrêter. Chaque journée devient un marathon épuisant, rempli de tâches que je me suis données. Et à la fin, si je suis crevée, je me dis que j’ai bien réussi ma journée.
Mais est-ce vraiment ce que Dieu attend de Ses enfants ? Des esclaves qui courent partout jusqu’à tomber d’épuisement ? Des machines qui s’usent à force de trop faire ?
Je ne crois pas. Et je le sais parce que Jésus a dit à ses disciples, de retour de mission :
« Venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. » (Marc 6:31, NEG)
Dieu veut qu’on travaille pour Lui. Mais quand la mission du moment est accomplie, Il veut qu’on se repose. Vraiment. C’est nécessaire.
Les Marthes, vous entendez ?
On ne cherche pas la tâche suivante. On ne prend pas la charge d’une autre. On ne veut pas réparer ce qu’une autre a mal fait. On s’arrête. Vraiment. On se repose. Et on remercie Dieu pour ce qu’Il a fait, à travers nous.
Il y aura toujours autre chose à faire. Toujours. Mais on ne gagnera jamais plus que 24 heures par jour. Même en se levant plus tôt ou en se couchant plus tard, on finira par s’écrouler.
Il faut s’arrêter. Se reposer. Demeurer. Retourner dans la Parole et prier. Avant de reprendre le service. Et notre service en sera meilleur.
Et Marthe, alors?
Alors pour finir, retournons à Luc 10. Marie, Marthe, et surtout… Jésus.
On ne sait pas ce qui s’est passé ensuite. Mais j’aime imaginer ceci :
Marthe s’est arrêtée, a pris conscience de ce qu’elle faisait, et a rigolé un peu d’elle-même. « Comment j’ai pu m’agiter à ce point et oublier Jésus ? »
Puis, elle a posé ce qu’elle tenait dans les mains, elle s’est essuyé les mains… et s’est assise à côté de Marie.
Du moins, j’espère que c’est ce qu’elle a fait. Parce que moi aussi, je suis une Marthe. Et c’est ce que j’aimerais apprendre à faire aujourd’hui.
Et toi ?
Est-ce que tu vas faire une pause pour adorer ? Est-ce que tu vas continuer à servir, tout en demeurant en Jésus ? Est-ce que tu vas te reposer et te ressourcer, avant de recommencer ?
Je l’espère.
Soyons des Marthes qui se lèvent des pieds de Jésus, avec un cœur de Marie pour servir.
À la prochaine.
*Apprendre à demeurer dans le livre de Priscilla Shirer, I Surrender All








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